Les lacs Sawtooth Nord et Sud, sur l’île d’Ellesmere (image satellite de Google Maps)
Pour son édition 2020, notre dossier des Découvertes de l’année s’offre une cure de jeunesse! En plus des textes réguliers de nos journalistes, nous avons demandé à des élèves de la quatrième année du secondaire du Collège Sainte-Anne de Lachine de nous présenter à leur façon les découvertes primées.
La science d’ici vue par les jeunes d’ici!
Depuis plus d’un siècle, des navires marchands qui sillonnent le nord de l’Atlantique enregistrent les températures de l’eau de surface, ce qui a permis de découvrir un cycle climatique, mieux connu aujourd’hui sous le nom d’oscillation atlantique multidécennale. Mais ce cycle n’est pas clair: sa période est longue (quelques décennies) et on ne l’a observé que sur une courte période (moins de 150 ans). Des scientifiques de l’INRS ont voulu en savoir plus.
Pour ce faire, Pierre Francus, professeur en sédimentologie environnementale à l’INRS, a fouiné dans les sédiments accumulés au fond d’un lac depuis des millénaires.
Le lac Sawtooth, situé loin au nord sur une île de l’archipel arctique canadien, a été choisi par l’équipe de chercheurs pour prélever des échantillons de sédiments à cause de la faible activité humaine dans cette zone. Ils ont récupéré des couches de sédiments au fond du lac et les ont analysés millimètre par millimètre. Les chercheurs ont fait plusieurs essais et erreurs afin d’identifier un ou plusieurs éléments dans les sédiments dont la concentration changeait avec les variations climatiques. « On a dû tester autour de 15 éléments chimiques pour finalement arriver au Titane», explique Pierre Francus.
C’est ainsi que les scientifiques ont confirmé la corrélation entre la quantité de titane, qui, avec l’érosion par l’eau, s’est déposé au fond du lac chaque année, et la fluctuation des températures de la surface de l’eau dans l’Atlantique nord. Leurs observations ont permis d’établir qu’il y a bel et bien un cycle, et à leur grande surprise, ils ont réussi à compiler des données pour une période de temps beaucoup plus grande que celle à laquelle ils s’attendaient, soit de 2900 ans.
Avec les nouvelles données recueillies dans cette étude, les scientifiques ont indirectement démontré qu’il y a bel et bien un changement climatique en ce moment et qu’il est plus intense que n’importe quel réchauffement survenu dans les 2900 dernières années.
Les scientifiques poursuivent maintenant leurs recherches 160 kilomètres au sud de la première zone d’expérimentation. Grâce à une meilleure connaissance du cycle de température de l’Atlantique nord, leur étude va grandement aider la communauté scientifique à prédire les conditions climatiques à venir.
Auteurs: Thomas Villemure , Santiago Paz Sierra, Johnny Jiang, Diego Contreras, Hao Yang Li, Matthew Ryan Fotso Dassi, Antoine Ladicani
Lisez la présentation de cette découverte par l’équipe de Québec Science.