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Des organismes microscopiques emprisonnés dans des sols gelés depuis des millénaires sont ramenés à la vie en laboratoire. Impressionnant… et inquiétant.
Les rotifères sont des organismes multicellulaires microscopiques retrouvés en eau douce qui existent depuis des millions d’années. Ils résistent à la congélation (même dans l’azote liquide), à l’ébullition, à la sécheresse et aux radiations. Des chercheurs qui étudiaient un pergélisol sibérien vieux de 24 000 ans y ont trouvé des rotifères vivants, ou du moins « ravivables ». Une fois dégelés, ils ont commencé à se reproduire, par parthénogenèse.
Les rotifères ne sont pas les seuls organismes vivants à émerger du pergélisol ou de la glace. Les mêmes chercheurs à l’origine de cette dernière découverte avaient déjà trouvé des vers ronds viables vieux d’environ 40 000 ans dans le pergélisol de la région. En 2020, ils avaient signalé un « zoo congelé » de 35 protistes viables (organismes contenant un noyau qui ne sont ni animal, ni végétal, ni champignon) qui, selon eux, variaient de quelques centaines d’années à des dizaines de milliers d’années.
Les mousses anciennes, les graines, les virus et les bactéries ont tous montré une longévité impressionnante dans la glace, suscitant des inquiétudes légitimes quant à savoir si des agents pathogènes potentiellement nocifs pourraient également être libérés lors de la fonte des glaciers et du pergélisol.
Quels autres organismes pourraient réapparaître avec un réchauffement climatique ? Et quels impacts pourraient-ils avoir ? Au moins au niveau microscopique, il semble possible que des micro-écosystèmes intacts puissent dégeler ensemble (nématodes, rotifères, protistes, virus, bactéries, etc.). Une fois dégelées, ces bestioles en dormance rivaliseront-elles avec les espèces modernes ? Ou coexisteront-elles avec elles ? On l’ignore encore, mais au train où se réchauffent les choses, on le saura bientôt.