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Les rhinocéros sont des animaux en voie de disparition, menacés majoritairement par le braconnage. Face à ce fléau, une entreprise propose une solution audacieuse : inonder le marché de cornes artificielles imprimées en 3D pour faire baisser les prix et réduire le braconnage.
Les cornes de rhinocéros sont extrêmement prisées, particulièrement en Asie. Considérées comme des investissements lucratifs, des objets de collection précieux, des matériaux pour sculptures artistiques ou même des ingrédients médicinaux (sans aucune preuve scientifique de leur efficacité), ces cornes sont devenues une denrée rare et dispendieuse. Leur commerce étant interdit à l’échelle internationale pour lutter contre le braconnage, un marché noir s’est développé. Sur ce marché illégal asiatique, le prix d’une corne peut atteindre des sommets vertigineux, jusqu’à 70 000 dollars canadiens le kilo, dépassant même la valeur de l’or.
Cette demande effrénée a des conséquences désastreuses. Les rhinocéros sont aujourd’hui des animaux menacés d’extinction, essentiellement à cause du braconnage. En Afrique, ce fléau persiste, avec plus de 1 000 rhinocéros illégalement abattus chaque année pour leurs précieuses cornes. La lutte contre ce braconnage est donc devenue cruciale pour la survie des rhinos. Diverses stratégies ont été mises en place pour protéger ces animaux. Parmi elles, on compte la création de réserves naturelles sous haute surveillance ou l’ablation préventive des cornes pour dissuader les braconniers. Une nouvelle approche innovante est à l’essai : la fabrication de cornes artificielles !
Depuis 2015, Pembient, une jeune compagnie innovante basée à Seattle, développe des cornes de rhinocéros artificielles grâce à la technologie d’impression 3D. Ces répliques sont fabriquées à partir de kératine, la même protéine qui compose les véritables cornes de rhinocéros (et qu’on retrouve aussi dans nos cheveux et nos ongles). L’objectif est ambitieux : inonder le marché noir de fausses cornes indiscernables des vraies, afin de faire chuter les prix et rendre le braconnage moins lucratif et attractif. Pembient affirme que ces cornes artificielles sont génétiquement identiques aux vraies, visant à les rendre totalement indétectables une fois sur le marché.
Cependant, malgré l’enthousiasme suscité par cette initiative, son efficacité reste à prouver. Les défenseurs des rhinocéros soulignent un fait troublant : 90% des cornes en circulation seraient déjà des faux (souvent fabriqués à partir de cornes de buffles), sans que cela n’ait pour autant freiné le braconnage. L’avenir nous dira si l’impression 3D peut réellement contribuer à sauver les rhinocéros de l’extinction. En attendant, cette technologie trouve d’autres applications prometteuses dans le domaine de la conservation des animaux. Au Brésil, par exemple, l’impression 3D est utilisée pour fabriquer des carapaces artificielles, permettant de soigner des tortues blessées.