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Tu connais le phénix, cet oiseau légendaire qui renaît de ses cendres? Eh bien le règne végétal compte aussi un phénix dans ses rangs, et ce n’est pas une légende, malgré son histoire épique. Le Ginkgo biloba est ce qu’on appelle un fossile vivant, ou une espèce panchronique, c’est-à-dire qu’il est un proche parent d’espèces éteintes connues seulement par des fossiles. On croit que les premiers ginkgos datent d’il y a 270 millions d’années (c’est 40 millions d’années avant l’apparition des premiers dinosaures!) La dernière glaciation, il y a 2,5 millions d’années, a détruit tous les membres de sa famille : les Ginkgoidae. Seul le Ginkgo biloba a survécu, en Chine. Récemment, aidé par l’homme, il s’est propagé un peu partout sur la planète.
C’est un arbre important dans la culture du Japon. Il est l’emblème de sa capitale : Tokyo. En 1923, suite à un tremblement de terre, un terrible incendie a ravagé Tokyo. Presque tous les ginkgos de la ville semblaient morts. Pourtant, quelques mois plus tard, ses habitants ont réalisé que les ginkgos recommençaient à pousser. Bien mieux que les autres espèces d’arbres, les ginkgos avaient survécu à l’incendie.
Puis, le 6 août 1945, les Alliés ont lâché la tristement célèbre bombe atomique sur la ville d’Hiroshima, un événement générant un niveau de destruction probablement inégalé dans l’histoire humaine, incluant les effets qui se firent sentir longtemps après : pluie noire, cendres, radiations.
Le printemps suivant, les ginkgos repoussaient.
170 ginkgos, dans un rayon de 2200 mètres du point de chute de la bombe A, en apparence complètement calcinés, ont repoussé et ils sont toujours vivants.
Cette résistance serait attribuable à deux choses. La première : l’écorce du ginkgo, qui a réussi, même brulée, à protéger son cambium, une mince couche de cellules vivantes qui se trouve sous l’écorce des arbres. Ces cellules, responsables de la formation du bois, ont la propriété de s’adapter aux conditions auxquelles l’arbre est soumis. La seconde : le ginkgo peut croître dans des sols difficiles et de médiocre qualité. Après la bombe A, les racines des ginkgos ont été capables de continuer à tirer des nutriments du sol irradié.
Tu peux imaginer quel symbole d’espoir et de résilience ils sont devenus pour les habitants de la ville. Chacun d’eux est un monument vivant à qui on a donné un nom, inscrit sur une plaque, rappelant à tous que la nature est plus forte que la force destructrice des humains.