La grenouille qui gèle et ressuscite

Un animal capable de se transformer en glaçon vivant pendant des mois, puis de revenir à la vie comme si de rien n’était… Ce n’est pas de la science-fiction, c’est la réalité de la grenouille des bois !

Si tu aimes les sports d’hiver, tu sais à quel point le froid extrême peut être dangereux ! La grenouille des bois, petit amphibien de 5 à 7 cm vivant au Canada et au nord des États-Unis, incluant l’Alaska, possède une capacité extraordinaire : elle peut geler pendant l’hiver puis « ressusciter » au printemps. Reconnaissable à sa tache brune formant un masque autour des yeux, elle a développé une stratégie de survie unique face au froid extrême.

Lorsque les températures chutent, des mécanismes complexes se mettent en place dans le corps de la grenouille. L’eau se concentre dans son abdomen; son cœur, ses poumons et son cerveau gèlent. Jusqu’à 65% de l’eau contenue dans son organisme peut geler ! Au printemps, l’animal dégèle progressivement. Son cœur repart, la circulation reprend, et la grenouille retrouve sa vie normale.

Quel est le secret de sa survie ? La grenouille des bois produit deux cryoprotecteurs (le préfixe cryo- vient du grec et signifie froid) naturels pour éviter que l’eau gelée, en prenant de l’expansion, ne fasse éclater ses organes et ses vaisseaux sanguins. À l’approche de l’hiver, la grenouille mange beaucoup et stocke du glucose dans son foie, qui augmente de taille. Quand le gel arrive, le foie libère ce glucose dans les cellules. En parallèle, la grenouille cesse d’uriner lorsqu’elle entre dans sa phase de sommeil. L’urée s’accumule dans ses tissus, empêchant la formation de cristaux de glace à l’intérieur des cellules. Ces deux substances agissent comme des antigels naturels, maintenant l’intérieur des cellules dans un état visqueux plutôt que solide.

Ce phénomène extraordinaire suscite un grand intérêt en médecine. Les scientifiques cherchent à comprendre comment le corps de l’animal peut être si peu affecté par une si grande concentration de sucre et d’urée, qui serait toxique pour les humains. La capacité d’adaptation de la grenouille des bois pourrait inspirer de nouvelles techniques de conservation pour les transplantations d’organes.