Localisation du cratère de Chicxulub, à la marge nord de la péninsule du Yucatan. (image: Google Earth)
Un métal rare d’origine extraterrestre, un cratère d’impact invisible… Qu’est-il vraiment arrivé aux dinosaures ? La cause de leur disparition il y a 66 millions d’années a fait l’objet de plusieurs spéculations, mais une découverte vient de clore le débat : c’est bel et bien une météorite qui a anéanti 75% de la vie sur Terre à la fin du Crétacé, et surtout, on sait maintenant hors de tout doute à quel endroit l’incident est survenu.
Si, dans les années 80, on préférait la thèse d’éruptions volcaniques majeures, de nombreuses preuves se sont toutefois accumulées en faveur de l’impact météoritique au fil des années. C’est un métal bien spécial qui a d’abord mis la puce à l’oreille des scientifiques : l’iridium. Partout sur la Terre où l’on trouve des roches sédimentaires qui se sont formées il y a précisément 66 millions d’années, on trouve également une fine couche de poussière contenant de l’iridium. L’iridium est un élément très rare dans la croûte terrestre, mais il est abondant dans les météorites en provenance de l’espace. Sa présence dans de nombreuses couches sédimentaires à la limite du Crétacé et du Paléocène (l’ère géologique qui a suivi la disparition des dinos) est une preuve solide qu’un grand caillou spatial a explosé sur Terre à ce moment et que sa poussière, riche en iridium, s’est redéposée un peu partout sur le globe.
Cette trouvaille dépeint un scénario cataclysmique : un astéroïde entre en collision avec la Terre et annihile la majorité des espèces vivantes. Un impact d’une telle envergure laisserait nécessairement des traces. Le cratère est pourtant invisible ! À cheval entre la péninsule du Yucatan et le golfe du Mexique, le cratère de Chicxulub passe inaperçu malgré ses 180 km de diamètre. Enfoui sous un kilomètre de sédiments, ce n’est que dans les années 90 qu’on a pu détecter sa présence grâce à des forages pétroliers et des analyses radar. On semblait avoir trouvé le candidat idéal, mais les preuves n’étaient pas encore suffisantes pour crier victoire. Il restait à établir une connexion solide entre l’anomalie d’iridium et le cratère en question.
C’est là que la découverte récente entre en jeu : des forages sous-marins en marge du cratère ont permis d’y trouver une concentration en iridium similaire à celles mesurées ailleurs dans le monde. Le dépôt analysé est daté à seulement quelques années après la collision, soit le temps que la poussière retombe. C’est la confirmation qu’on attendait! L’impact de Chicxulub est responsable de l’extinction massive qui a conclu le Crétacé. Les dinosaures peuvent maintenant reposer en paix !