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Aux confins de notre système solaire, dans ce qu’on appelle la ceinture de Kuiper, des objets célestes se comportent étrangement : plutôt que d’orbiter normalement autour du Soleil, ces gigantesques débris gelés semblent voir leur route déviée par une force inconnue. Certains tournent dans le mauvais sens, alors que d’autres ont une trajectoire inclinée, voire perpendiculaire par rapport à la nôtre. Pour expliquer ces perturbations, une hypothèse a été suggérée : ces lointains astéroïdes seraient attirés par la force gravitationnelle d’une 9e planète. Cinq fois plus massive que la Terre, elle mettrait entre 10 000 et 20 000 ans pour faire le tour du Soleil. Une éternité comparée à son prédécesseur Pluton, qui n’en prend que 248.
Se baser sur des anomalies pour deviner la présence d’un astre n’est pas une technique qui date d’hier! À la découverte d’Uranus en 1781, un écart avait été remarqué entre l’orbite prédite et celle réellement observée. Soupçonnant qu’une autre planète affectait sa trajectoire, les astronomes ont déduit l’emplacement de Neptune avant même qu’elle ne soit repérée dans le ciel! C’est le même type de calculs qui laisse supposer un nouveau candidat au titre de 9e planète.
Mais voilà que des chercheurs proposent une explication alternative : et si cet objet était en fait un minuscule trou noir? Gros comme une balle de tennis, il se serait formé au moment du big bang et serait responsable des déviations dans la ceinture de Kuiper. À ce jour, l’existence de tels trous noirs reste théorique, mais il n’est pas impossible que l’un d’entre eux ait été capturé par l’attraction gravitationnelle du Soleil, autour duquel il serait maintenant condamné à tourner.
Même si les astronomes doutent que de tels patrons d’alignement soient dus au hasard (1 chance sur 500), il n’existe pas encore de preuve tangible pour appuyer ces modèles mathématiques. Planète ou trou noir, l’hypothèse devra être validée par une observation. Or, cet objet mystérieux se situe à la limite du détectable vu le peu de lumière qui se rend à cette distance. La tâche demeure néanmoins possible avec les télescopes actuels… et beaucoup de patience. À ce rythme, les experts espèrent trouver la 9e planète d’ici une décennie.
Et s’il s’agit d’un trou noir? Comme la lumière ne peut s’en échapper, ce dernier serait invisible. Pour confirmer sa présence, il faudra scruter l’espace à la recherche d’indices qui délimitent sa silhouette. Cette frontière où la lumière échappe tout juste à l’emprise du trou noir est appelée «horizon des événements».
On a longtemps cru les tréfonds du système solaire vides, alors qu’en réalité, des voisins extravagants s’y cachent! Une étrange planète isolée ou un trou noir captif? Dans un cas comme dans l’autre, il reste encore bien des choses à découvrir sur notre petit coin d’univers!