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16 octobre 2023
Temps de lecture : 2 minutes

Des utérus… artificiels ?

Photo: E. A. Partridge et al./Nature Commun.

Faire grandir des bébés à l’extérieur d’un utérus ? Grâce aux progrès scientifiques, cette idée s’éloigne peu à peu de la science-fiction. Mais elle soulève de grands enjeux éthiques.

Un tout petit agneau dans un sac transparent rempli de liquide. Il a les yeux fermés et est pris de petites convulsions, un peu comme s’il rêvait. Ces images, qui ont fait le tour du monde en 2017, sont celles d’une avancée médicale majeure : un prototype d’utérus artificiel.

Ce dispositif, surnommé EXTEND, a été développé par une équipe de scientifiques de l’hôpital pour enfants de Philadelphie. Dans quel but ? Réduire le risque de mortalité et de séquelles chez les très grands prématurés, soit les bébés qui naissent après 22 à 28 semaines de grossesse. Pour le moment, les expériences n’ont été réalisées que sur des agneaux. Mais les scientifiques attendent l’approbation des autorités américaines pour passer aux bébés humains.

Chez l’humain, la durée d’une grossesse menée à terme est de 37 à 40 semaines. Les bébés qui naissent avant la 37e semaine sont donc qualifiés de prématurés. Comme tu peux t’en douter, plus un bébé se développe longtemps dans l’utérus, moins il y a de risques pour sa survie et sa santé. Par exemple, un bébé qui voit le jour à 22 semaines de grossesse aura peu de chances de survivre. À 28 semaines, la plupart des nouveau-nés survivent, mais développent des problèmes de santé à long terme, qui vont de l’asthme à la paralysie cérébrale. Ces séquelles résultent du fait que les poumons et le cerveau sont parmi les derniers organes à se développer complètement.

À l’heure actuelle, on place les très grands prématurés dans un respirateur artificiel, c’est-à-dire un appareil qui fournit de l’oxygène directement dans leurs petits poumons fragiles. Mais avec EXTEND, les scientifiques recréent les conditions de l’utérus. Le bébé serait ainsi placé dans une poche de liquide semblable au liquide amniotique. Grâce à une chirurgie très complexe, les vaisseaux sanguins du cordon ombilical seraient connectés à un système d’oxygénation externe, ce qui empêcherait d’exposer les poumons aux risques. Le bébé pourrait ainsi passer quelques semaines dans le dispositif, le temps que ses organes se développent davantage.

Bien que théoriquement, cette technologie semble révolutionnaire, elle soulève plusieurs enjeux éthiques. D’abord, les chercheurs sont-ils véritablement prêts à passer aux essais sur les humains ? Ne serait-il pas approprié de faire d’abord des tests sur d’autres primates ? Il importe aussi d’aborder la question des droits reproductifs, puisqu’il est très difficile de définir le statut légal et moral de l’entité que l’on place dans EXTEND. S’agit-il d’un fœtus, même s’il n’est plus dans l’utérus ? S’agit-il d’une personne à part entière, avec une conscience ? Les réponses à ces questions auront certainement un impact sur la définition de la viabilité d’un fœtus, et par le fait même, le droit à l’avortement.

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