L’humain est programmé pour acquérir la faculté du langage. Anne-Marie Di Sciullo a consacré sa carrière au développement de cette thèse.
Interviewer Anne-Marie Di Sciullo, c’est soigner son vocabulaire et surveiller sa syntaxe. Du moins, c’est ce que pensait le journaliste en préparant son entretien avec la réputée spécialiste de linguistique théorique et de biolinguistique, qui s’intéresse aux propriétés de la syntaxe des expressions linguistiques et de leurs interprétations.
Heureusement, c’était bien mal connaître – mea culpa – le champ d’activité de celle qui est professeure au département de linguistique de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) depuis plus de 30 ans. « Mon objet d’étude, la syntaxe, est intangible. Ce sont les propriétés formelles qu’on ne voit pas, qu’on n’entend pas, mais qui sont présentes dans toutes les langues humaines », précise celle qui a reçu de l’Association francophone pour le savoir (ACFAS) le prestigieux prix André-Laurendeau en 2016. Ce dernier récompense l’excellence et le rayonnement des chercheurs en sciences humaines.
Asymétrie de langage
L’imposante carrière de l’Italienne d’origine – elle est née à Rome – a débuté dans les années 1970. Elle arrivait alors dans un domaine en pleine ébullition, bouleversé par les théories de Noam Chomsky.