Les travaux d’un petit groupe de chercheurs sur la capacité du vélo à tenir à la verticale par lui-même ravivent l’intérêt scientifique à son sujet.
Elle a beau célébrer cette année ses 200 ans, la vénérable bicyclette est encore coincée au XIXe siècle, soutiennent trois scientifiques trouble-fêtes. « En fait, je dirais qu’elle a évolué pendant 50 ans et qu’elle a ensuite fait du surplace pendant 150 ans », corrige un de ces empêcheurs de pédaler en rond, Andy Ruina, professeur de génie mécanique à l’université Cornell, dans l’État de New York.
Depuis 10 ans, lui, ses collègues Jim Papadopoulos et Arend Schwab, ainsi que leurs collaborateurs, prennent un malin plaisir à défier certains principes physiques longtemps acceptés à propos du moyen de transport le plus populaire du monde. Leur approche, à la fois teintée d’audace et de rigueur scientifique, les a amenés à concevoir des vélos expérimentaux aux géométries aussi inédites que contre-intuitives. « C’est un peu notre signature », souligne Andy Ruina.
Leur principal fait d’armes concerne ce que Max Glaskin, l’auteur du livre Cyclisme et science (Vigot, 2015), nomme « le grand mystère du cyclisme, celui que personne n’a jamais élucidé » : la capacité d’un vélo à se tenir à la verticale lorsqu’il roule seul, sans pilote.