Photo: Margaret Magdesian, par Christine Muschi
Oubliez les médicaments! Pour reconnecter un neurone, il suffit
de l’attraper, puis de l’étirer.
«Il en revient à la science du futur de changer, si possible, cette dure réalité. » Voilà le défi que Santiago Ramón y Cajal lançait en 1928 à la communauté scientifique. Père de la neuroscience, il venait de découvrir l’incapacité des neurones à se régénérer. Près de 90 ans plus tard, Margaret Magdesian et Peter Grütter, de l’ Université McGill ont partiellement remporté ce vieux pari en trouvant une technique pour reconnecter des neurones de rats.
Obsédée par la réparation des nerfs, mais lassée par l’approche médicamenteuse – longue, coûteuse et rarement concluante –, la neuroscientifique Margaret Magdesian a cherché des outils pour manipuler directement la matière grise. « Les connexions neuronales sont à l’échelle nanométrique, observe-t-elle, alors je me suis tournée vers les nanotechnologies. » Son attention s’est arrêtée sur Peter Grütter, professeur de physique à l’Université McGill, et son microscope à force atomique.
Cet appareil permet d’observer, de mesurer et, surtout, de manipuler des objets nanométriques, qu’il s’agisse d’un électron ou d’un axone – ce prolongement du neurone qui transporte le signal électrique vers les autres neurones. « Pour les physiciens, un neurone, c’est juste un ballon avec un fil, rigole Peter Grütter. Alors on a tiré sur le fil pour voir ce qui se passerait. »