Dans mon coin de forêt en Estrie, un voisin m’a récemment plongé dans des histoires de félins fantômes. Il croyait avoir aperçu, un soir, un couguar – aussi appelé puma, lion des montagnes ou panthère – au détour d’un sentier. Grand et sombre, l’animal a disparu devant lui en quelques bonds souples.
L’assemblée des voisins s’est aussitôt mise sur le cas. Voyons, quelle taille avait-il exactement? Quelle couleur? Avait-on vu la queue? Des empreintes? On l’aime tant au Québec, cette légende. On a du mal à croire qu’elle ait disparu.
Jadis commun au Canada, le grand félin à robe fauve trouvait une abondante nourriture dans nos forêts – surtout des cerfs de Virginie –, mais il a été pourchassé par les colons effrayés. Parmi les témoignages d’époque, un des plus révélateurs est rapporté par l’ethnologue états-unien Cyrus Thomas dans son livre Contributions to the History of the Eastern Townships, publié en 1868. Le récit concerne le neveu de Nicholas Austin, pionnier et fondateur du village des Cantons-de-l’Est qui porte aujourd’hui son nom: «Arrêtant son traîneau, il (Nicholas Austin junior) lança sauvagement sa hache en direction du monstre.