Dites «champignon» et la plupart des gens pensent moisissure, gâterie hallucinogène ou garniture à pizza. Mais pour J. André Fortin, ils sont à la base de la vie sur Terre et les sciences biologiques sous-estiment leur rôle depuis trop longtemps.
Retraité de l’Université Laval depuis quelques années, le biologiste forestier, aussi directeur-fondateur de l’Institut de recherches en biologie végétale de l’Université de Montréal, a consacré sa carrière de chercheur à comprendre la biologie des champignons, et sa carrière de professeur à diffuser ce savoir. Aujourd’hui, il s’emploie, sur toutes les tribunes possibles, à aviver l’intérêt des scientifiques pour ce monde méconnu. À la clé, une meilleure agriculture et une meilleure foresterie.
I l nous est tous arrivé de découvrir des champignons au hasard d’une promenade en forêt. Chaque fois, c’est comme une surprise. Sont-ils donc rares?
Loin de là! En réalité, les champignons sont omniprésents. C’est parce qu’ils sont sous terre qu’ils nous semblent rares. Les pleurotes, les bolets, les morilles qu’on cueille pour la cuisine ne sont qu’une petite partie de l’organisme qui émerge en surface. Le reste est sous nos pieds et c’est gigantesque. Dans chaque décimètre cube de sol, on trouve des mètres de filaments plus fins que de la soie d’araignée. C’est du mycélium, c’est-à-dire l’être vivant proprement dit.