La route blanche reliant, l’hiver, le continent à l’Île Verte, l’une des îles habitées du Saint-Laurent, risque de n’être, hélas, qu’un souvenir.
Pour faire un pont de glace, prenez trois nuits autour de -20°C, ajoutez un bon nordet (un vent provenant de l’aval du Saint-Laurent) et observez les marées, sachant que de faibles amplitudes sont préférables à des fortes. Puis lancez au hasard une date, entre la fin décembre et la mi-janvier, qui serait celle de l’ouverture du pont reliant l’Île Verte et le continent. Vous pourriez remporter une bouteille de vin offerte par l’ensemble des insulaires qui, chaque année, prennent plaisir à spéculer sur le sujet!
Mais ce rituel va-t-il disparaître? Jusqu’à la fin des années 1970, pas moins de trois ponts de glace permettaient aux habitants de vaquer à leurs occupations sur la rive sud du Saint-Laurent. Depuis quelques décennies, seul celui du milieu, qui relie le restaurant Entre-Deux-Marées, sur l’île, au quai de la rivière des Vases, à la sortie de Cacouna, tient le coup. Les autres passages ne gèlent plus suffisamment, rendant impossible la traversée du chenal, large de 100 m. Et puis le pont survit moins longtemps aujourd’hui qu’il y a 10 ou 20 ans; soit de 6 à 8 semaines, contre 12 autrefois.