Jusqu’ici, nous les regardions d’un œil plutôt sympathique. Après tout, les myriades de colonies bactériennes installées à demeure dans nos intestins ne sont pas nocives et nous rendent même de fiers services, en échange de l’hébergement confortable offert par la douceur nutritive de notre ventre. Bref, un parfait exemple de symbiose biologique, sur lequel nous n’avions pas grand-chose à dire, tant abondent, dans la nature, de pareils exemples de cohabitation mutuellement profitable.
Nos micro-organismes intestinaux occupaient pacifiquement le terrain, tout en nous protégeant, du seul fait de leur présence, de l’installation de germes nuisibles. Un peu comme les fromages au lait cru, habités de «bonnes» bactéries, nous épargnent en principe la venue des mauvaises. Il s’agissait donc d’une sorte de barrière protectrice, à laquelle on voulait bien reconnaître quelque autre utilité, comme une contribution à la chimie digestive.
Mais une formidable révolution vient de se produire, touchant pratiquement tous les secteurs de la médecine, qu’elle éclaire d’un jour nouveau en offrant la perspective de nombreux progrès thérapeutiques.
Des dizaines de milliers de chercheurs, en effet, n’ont d’yeux que pour ces peu ragoûtantes populations bactériennes qu’ils considèrent désormais comme un organe à part entière. Baptisé « microbiote », il jouerait un rôle clé dans toutes les fonctions du corps humain.