Il y a dans les noms de lieux des enseignements précieux. Mais il arrive que l’on s’habitue trop vite à un nom; nous avons l’oreille molle, peut-être même l’oreille morte, plus
rien ne nous interroge ou ne nous émerveille lorsque nous entendons les beaux noms défiler. Je suis en train d’écrire un livre sur l’histoire du peuple innu. Je termine justement un long passage qui souligne, entre autres choses, que l’innu-aimun, la langue des Innus, appartient à la famille des langues algonquiennes, qu’elle est très semblable à celle des Eeyous (Cris) et qu’elle affiche une remarquable continuité spatiale dans ses variantes parlées, d’Ekuanitshit (Mingan) jusqu’à la Traverse des Pieds-Noirs, aux environs de Calgary. Les linguistes l’ont beaucoup étudiée au fil du temps, à l’instar des langues algonquiennes en général. L’innu-aimun est encore bien vivant aujourd’hui, il fait partie de notre patrimoine à tous.
Récemment, dans les médias, à l’annonce du décès d’un joueur de hockey célèbre, très cher aux vieux amateurs des Canadiens de Montréal, on a pu entendre prononcer le beau nom de Nokomis : Elmer Lach, le grand compagnon de Maurice Richard, était originaire de la communauté de Nokomis en Saskatchewan. Cette petite ville existait depuis à peine 10 ans lorsqu’il y est né, en 1918.