Drogues: les eaux dopées
Illustration: Aaron McConomy/Colagene
Les Québécois ont une drogue de prédilection: la cocaïne. Dans une ville de la taille de Montréal, il s’en consommerait environ 25 000 doses par jour, soit 15 doses par 1 000 habitants. Ces données ne proviennent pas des services d’enquête de la police. Elles ont été calculées par des chimistes et sont, par conséquent, beaucoup plus fiables.
Étudiant au baccalauréat en chimie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Nicolas Gilbert s’est immiscé dans le monde interlope de la consommation de drogues illicites armé d’un spectromètre de masse, un appareil de chimie analytique qui permet de détecter la présence d’à peu près n’importe quelle molécule dans un échantillon d’eau. Au sein de l’équipe d’André Lajeunesse, professeur au département de chimie-biochimie et physique de l’UQTR, et de Sébastien Sauvé, professeur au département de chimie de l’Université de Montréal, l’étudiant a entrepris d’analyser les eaux usées de deux villes québécoises (les chercheurs refusent de révéler lesquelles, pour ne pas nuire à l’image de ces municipalités).
Les «eaux usées», ce sont ces eaux provenant de nos toilettes, nos lavabos ou nos baignoires. Elles s’engouffrent dans les immenses canalisations du réseau d’égouts et cheminent vers une station d’épuration, où elles sont «nettoyées» dans la mesure du possible, avant d’être relâchées dans l’environnement – souvent, au Québec, quelque part le long du fleuve Saint-Laurent.