Le droit à l’image existe-t-il pour Dieu et ses prophètes? Un artiste peut-il sculpter, peindre, dessiner voire caricaturer une divinité au gré de son imagination? Cet acte peut-il constituer un blasphème? Ces questions, surgies dans l’actualité à la suite des récents attentats terroristes, ne sont pas nouvelles. Elles nous plongent directement dans l’histoire des religions monothéistes, comme nous le rappellent Malek Chebel , anthropologue des religions et spécialiste de l’islam, Marc-Alain Ouaknin , rabbin et philosophe, et Olivier Bauer , professeur de théologie et de sciences des religions. Trois penseurs qui nous offrent ici des regards croisés et éclairants sur l’iconophobie.
MALEK CHEBEL
Il est spécialiste des textes coraniques. Philosophe, psychanalyste et anthropologue des religions, il est l’auteur d’une trentaine de livres sur l’islam et les grands penseurs de la tradition musulmane, dont plusieurs sont étudiés dans les milieux universitaires. Son dernier ouvrage: L’inconscient de l’islam (CNRS Éditions, 2015).
L’islam est-il plus iconophobe que le judaïsme ou le christianisme?
L’islam n’est pas plus iconophobe que le judaïsme ou le christianisme, qui ont connu aussi leur période sombre de batailles contre les images représentant des personnages divins, juifs ou chrétiens. Dans le christianisme, les Byzantins ont mené dès le VIIIe siècle, et pendant 200 ans, une rude guerre en faveur de l’aniconisme, c’est-à-dire contre les images représentant la divinité.