Ce sera le tout pour le tout. Le général allemand Erich Ludendorff décide de mettre le paquet pour en finir avec cette guerre qui n’en finit pas. Sur les 228 divisions que compte l’ensemble de l’armée allemande, il en mobilise 190 – soit 1 260 000 soldats – sur le front occidental. Tout le long de la ligne, où sont figées les armées depuis des mois, il déploie une artillerie d’enfer – un canon tous les 10 m – pour appuyer un assaut mené par des troupes de choc équipées de mitrailleuses et de lance-flammes. Le 21 mars 1918, il ordonne l’attaque. Elle est fulgurante. En une journée, les troupes du kaiser réussissent à enfoncer les lignes alliées et avancent de plusieurs dizaines de kilomètres. Les pertes britanniques sont très lourdes. Plus au nord, en Flandre, une autre offensive d’envergure débute le 9 avril; elle est tout aussi dure. Le 27 mai, Ludendorff lance des attaques – encore réussies – en Champagne et le long du Chemin des Dames pour ouvrir la route de Paris. La victoire semble ne plus faire de doute.
Mais ces succès ne rencontrent pas la sympathie souhaitée à Berlin ni ailleurs dans l’Allemagne soumise au blocus depuis l914. En effet, la puissante flotte britannique empêche le trafic maritime par la mer du Nord.