L’entomologiste Jacques Brodeur est professeur au département de sciences biologiques de l’Université de Montréal. Il a retrouvé un de ses sujets à la une du National Geographic de novembre 2014 (tirage : la bagatelle de 14 millions d’exemplaires). Belle occasion pour Québec Science de le saluer et de parler de parasitisme chez les insectes.
La photo à la une du magazine est saisissante. Éclairé par en dessous et presque translucide, un cocon est accroché entre les pattes d’une coccinelle. C’est celui d’une guêpe parasitoïde qui vit au Québec, Dinocampus coccinellæ .
Que s’est-il passé ? La guêpe a d’abord pondu un œuf dans l’abdomen de la coccinelle. Quand l’œuf a éclos, la larve s’est développée, d’abord à l’intérieur, puis elle s’est extirpée de l’abdomen de la coccinelle par un petit trou. Elle a ensuite tissé son cocon entre les pattes de son hôte.
La phase suivante est encore plus extraordinaire. Paralysée par le cocon, les pattes engluées, la coccinelle est prisonnière mais toujours vivante. Elle bouge un peu et tressaute. Ce comportement, ainsi que ses couleurs vives, éloigne les oiseaux et les insectes prédateurs. La larve est donc bien protégée, cachée sous son « garde du corps », qu’elle libérera quand elle n’en aura plus besoin, c’est-à-dire arrivée à maturité. C’est une sorte de manipulation mafieuse, de « racket de la protection ».