Dans les CHSLD, les deux tiers des résidants avalent quotidiennement au moins 10 médicaments. À force de vouloir tout traiter, la médecine aurait-elle basculé dans l’excès?
La lourde porte est verrouillée en permanence. Impossible d’entrer au Pavillon des bâtisseurs – ou d’en sortir – sans connaître le code d’accès. Pourtant, l’endroit, dans cette paisible rue de l’arrondissement Ahuntsic-Cartierville, à Montréal, n’a rien d’une prison. Disposées en carré autour d’une cour intérieure fleurie, les 14 chambres spacieuses et bien décorées sont ouvertes sur de larges corridors aux couleurs douces. «Ici, il n’y a pas de chariot métallique qui passe bruyamment ni de va-et-vient d’ascenseur», explique Josée Mayer, directrice de ce centre d’hébergement pour personnes atteintes d’alzheimer. Il n’y a pas à dire, l’atmosphère est sereine et l’endroit est même charmant, avec son aquarium et sa volière où chante un petit oiseau coloré. À l’entrée de chacune des chambres, une photo évocatrice aide son occupant à retrouver ses repères. «Ce peut être celle d’un animal, d’un objet; une photo actuelle ou ancienne de la personne», dit Josée Mayer en désignant le portrait en noir et blanc d’une femme souriante, pris le jour de sa graduation, il y a une cinquantaine d’années…