C’est le fleuve du Canada, celui qui passe par Hochelaga, qui remonte jusqu’à Niagara, et plus plus loin encore, jusqu’à la baie du Tonnerre de Kaministiquia. Les Grands Lacs alimentent en puissance ce courant remarquable. Une eau, dont certaines gouttes ont séjourné plus de 800 ans dans le lac Supérieur, coule maintenant en grande cérémonie vers l’Atlantique.
À l’extrémité est de l’île de Montréal, on sent pleinement la force tranquille de ce fleuve géant. Autrefois, là où se rejoignent les rivières des Mille Îles, des Prairies et L’Assomption, le voyageur n’en revenait pas de la beauté des rives et des îles, de la majesté des chênes, des pins et des trembles gigantesques, surtout. Il y avait des prairies bienveillantes, des ormes isolés, sentinelles centenaires poussant au beau milieu des clairières naturelles. Tout pour émerveiller l’œil du promeneur algonquin ou normand.
Ce fut d’abord un beau jardin, la terre maraîchère des urbains. Ce furent des champs remarquables labourés d’une rive à l’autre, terres très riches en foin, sillonnées de ruisseaux bordés de quenouilles que les carouges agrippaient pour mieux se reposer entre les buissons et les clôtures. Des merles d’Amérique recherchaient l’herbe mouillée sur les terrains entretenus des belles maisons longeant le Chemin du roy. 