Philosophe, professeur à la faculté des sciences de l’éducation de l’Université du Québec à Montréal, grand défenseur de la culture générale et pourfendeur de la réforme scolaire au Québec, Normand Baillargeon déboulonne méthodiquement 14 idées reçues dans son plus récent essai, Légendes pédagogiques: l’autodéfense intellectuelle en éducation (Poètes de brousse). Il met en garde les pédagogues contre les «neuromythes». Si, selon lui, les recherches sur le cerveau sont «l’aventure intellectuelle la plus exaltante de notre époque», appliquer en éducation les récentes découvertes des neurosciences est au mieux inutile; au pire, nuisible pour les élèves.

En quoi les neurosciences dans les salles de classe sont-elles préjudiciables?
Nous sommes très loin du jour où les connaissances sur le cerveau pourront fonder une pratique de l’enseignement. Or, il y a en ce moment un engouement délirant pour ce qu’on appelle la neuroéducation. Toutes sortes de faussetés sont adoptées sans aucune retenue, car elles arborent le sceau des neurosciences.
Une des principales réserves face à la neuroéducation concerne la question philosophique du lien entre le corps et l’esprit. Comment se fait-il qu’une matière neuronale particulière – le cerveau – produise toutes les manifestations subjectives de la pensée ou de l’émotion? Personne ne le sait et beaucoup croient qu’on ne le saura jamais.