Photo: Chaire BICEAB/UQAM
Une longue table percée, deux grosses fioles de verre, des tubes métalliques, des planches, des vis et quelques appareils de mesure. L’allure artisanale du montage, dans ce laboratoire du pavillon des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), a l’air de gêner Paul del Giorgio, professeur d’écologie. «Il a fallu mettre au point un système qui n’existait pas», explique-t-il.
Grâce à cet appareillage de fortune, son équipe et lui sont parvenus à mesurer l’âge du gaz carbonique (CO2) émis par des lacs des Cantons-de-l’Est. «Et le carbone qu’ils rejettent dans l’atmosphère est beaucoup plus vieux qu’on ne le croyait, dit-il. Les modèles de prédiction des émissions de gaz à effet de serre devront être revus.»
Qu’est-ce à dire? Il faut savoir que, à l’heure actuelle, les biologistes considèrent que la matière organique – feuilles mortes tombées dans l’eau, érosion des berges immédiates, excréments d’animaux, etc. – décomposée dans les cours d’eau par les bactéries est «jeune», et que le cycle du carbone des lacs s’étire sur quelques années seulement. Mais voilà que l’étude de Paul del Giorgio, publiée dans les Proceedings of the National Academy of Sciences, vient chambarder ce scénario: «Nous avons démontré que le carbone en question pouvait remonter à plusieurs milliers d’années.»
Comment explique-t-il qu’une si vieille matière organique se retrouve en décomposition au fond des lacs?