En janvier 2013, les National Institutes of Health, aux États-Unis, ont décidé de restreindre le plus possible l’utilisation des singes pour la recherche et ont envoyé à la retraite les quelque 700 chimpanzés qui se trouvaient toujours dans les laboratoires du pays.
Habitués à vivre en captivité, souvent infectés par les virus du VIH ou de l’hépatite, ces grands primates ne peuvent plus retourner dans la nature et sont condamnés à vivre dans des «foyers d’accueil», comme on en trouve en Montérégie au sud de Montréal. Aux dires du psychiatre allemand Martin Brüne, de l’université de la Ruhr à Bochum, plusieurs souffriraient de stress post-traumatique, et seraient anxieux ou déprimés. La solution? Les antidépresseurs, évidemment! Acceptable? Le chercheur explique.
Ne versez-vous pas dans l’anthropomorphisme, en qualifiant les chimpanzés d’anxieux ou de déprimés?
C’est le risque. Mais on n’a pas de meilleure façon de décrire leur état. Depuis 2009, je mène des travaux d’observation auprès de 10 chimpanzés à la retraite, hébergés dans un refuge aux Pays-Bas. Au début, ils manifestaient tous des comportements anormaux, qu’on n’observe jamais dans la nature. Certains s’automutilaient, d’autres se berçaient sans arrêt. Or, tous avaient vécu des épisodes traumatisants: une séparation d’avec la mère à un très jeune âge, des prises de sang à répétition dans des laboratoires, etc.