Racontons la légende de la rivière Qu’Appelle. Un jeune chasseur cri revenait d’un très long voyage. Il pagayait quand il entendit une voix magnifique monter en un écho plaintif du fond de la vallée. «Katepwa?» demanda-t-il – c’est-à-dire «Qui appelle?» – sans obtenir de réponse.
Une fois arrivé au campement des siens, il apprit la mort de sa fiancée. C’était elle qu’il avait entendue chanter son désespoir de ne plus jamais le revoir. Les Cris ont alors nommé la rivière Katepwa Sipi – que les Voyageurs canadiens-français et métis ont traduit par «Qu’Appelle».
Aujourd’hui harnachée pour créer le lac Diefenbaker, la belle court sur plus de 400 km avant de se jeter dans la rivière Assiniboine. Sa vallée est riche d’une histoire aussi fascinante que sont précieux et rares ses chênes à gros fruits et ses poissons nommés «buffalos à grande bouche». Dans une province appelée Saskatchewan, où l’on retrouve un village nommé Perdue et une rivière baptisée Qui ne parle pas, je crois que la vallée de la Qu’Appelle couronne avec panache ces beaux poèmes de la toponymie.
Il y a 15 réserves amérindiennes dans la vallée de la Qu’Appelle. C’est le résultat du traité Numéro quatre, celui du mois de septembre 1874, que les Cris des Plaines, mais aussi les Saulteux des Prairies et les Sioux assiniboines, signèrent à contrecœur.