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13 avril 2012
Temps de lecture : 2 minutes

Le katana du chercheur

Entre 1967 et 1970, Leo V. DiCara faisait la démonstration qu’il était possible de conditionner des rats à modifier leur rythme cardiaque, leur pression sanguine ou la production d’urine en les récompensant. Le conditionnement des réponses du système nerveux sympathique (involontaire), jugé jusque-là impossible, ouvrait alors la voie à la technique du biofeedback et répondait au vieux rêve entretenu par l’humain d’un contrôle total sur son corps.

Je me souviens d’une rencontre avec DiCara lors d’une de ces conférences mythiques du vendredi après-midi tenues au département de psychologie de l’Université McGill. Un charisme foudroyant, la carrure d’un joueur de football, DiCara était la star de la psychophysiologie. Mais son étoile allait pâlir quand plusieurs chercheurs des États-Unis, empruntant le même protocole, furent incapables de reproduire ses résultats. Le doute commença alors à s’installer. Avait-il falsifié ses données? Neil Miller, coauteur de l’étude, ancien patron de thèse de DiCara et chercheur vénéré, l’invite alors à reprendre son expérience. Échec. DiCara n’y parvient pas. On apprendra son suicide peu après.
Pour un scientifique, perdre sa crédibilité, c’est perdre son honneur. La crédibilité est le katana, – le sabre du samouraï – du chercheur. Il triomphe avec; il se tue avec. La science s’appuie sur cette crédibilité dans ses affirmations. Sans elle, elle n’ajoute rien de significatif au bruit ambiant des opinions.

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