A. Mucci et son étudiant
Les eaux du fond de l’estuaire du Saint-Laurent s’acidifient plus vite que les océans. La faune marine encaisse déjà le coup.
C’est un peu grâce à des membres du clergé morts depuis longtemps, que trois océanographes et un écologiste ont levé le voile sur ce qui se trame au fond du plus grand estuaire du monde. À bord du navire de recherche Coriolis II , l’équipe a affronté la houle pour échantillonner les eaux du Saint-Laurent, entre le fjord du Saguenay et Sept-Îles. Puis elle a comparé ses données avec celles colligées par la poignée d’hommes en soutane qui opéraient la station biologique de Trois-Pistoles durant les années 1930 pour l’Université Laval. Elle a ainsi constaté que les eaux profondes de cette portion du fleuve s’acidifient plus rapidement que la moyenne des océans de la planète.
Sur l’échelle du pH – qui tend vers 0 pour un acide et vers 14 pour une base –, les eaux au fond de l’estuaire auraient perdu de 0,2 à 0,3 point au cours des 75 dernières années. En comparaison, les océans auraient vu leur pH s’abaisser en moyenne de 0,1 point, à cause de la concentration croissante de dioxyde de carbone (CO 2 ) dans l’atmosphère et, par vases communiquants, dans l’eau.