Des chercheurs ont réussi à diriger de minuscules billes médicamenteuses jusqu’au centre d’une tumeur en passant par le circuit sanguin. Une invention qui devrait un jour faciliter le traitement de plusieurs cancers.
Pendant près de trois décennies, Sylvain Martel a vogué au large des côtes canadiennes. À bord des navires de la Marine, il a guetté les contrebandiers, signalé les accidents en mer et effectué des missions de sauvetage. Dès l’âge de 17 ans, il partait en expédition presque tous les mois, ce qui ne l’a pas empêché de faire carrière comme chercheur scientifique. «La Marine a toujours été mon passe-temps», explique ce diplômé en génie électrique, qui dirige depuis une dizaine d’années le laboratoire de nanorobotique de l’École polytechnique de Montréal.
Désormais retraité des Forces, le chercheur de 52 ans n’a pas pour autant perdu son goût pour la navigation. Il pilote toutefois un autre type d’embarcations: de minuscules billes chargées de médicaments, qui suivent le flux sanguin pour s’attaquer aux tumeurs cancéreuses.
«Lorsqu’on injecte un médicament anticancéreux, seulement 1% ou 2% de la dose atteint réellement la tumeur», explique le professeur Martel. Le reste s’éparpille dans le corps en endommageant les cellules saines. Les effets secondaires sont si pénibles qu’un grand nombre de patients ne peuvent pas recevoir le traitement.