Il y a maintenant quelques mois, Paul Bernard, un de nos grands sociologues, nous quittait. Voici ce que j’écrivais alors sur le site Internet de Québec Science: «Paul Bernard n’est plus. Je retiendrai de lui ses contrepieds aux affirmations convenues adoptées par les réformateurs contemporains qui ont tous la même rengaine à la bouche à l’effet qu’il faudrait créer la richesse avant de la distribuer. Les travaux de Paul s’inscrivent dans un effort constant à faire la démonstration que l’on peut tout aussi bien, et mieux, dire: “Il faut redistribuer la richesse pour la créer”.»
Paul Bernard avait raison. Peut-on imaginer un seul instant ce que serait le Québec économique, social et culturel si nous n’avions pas consenti, depuis maintenant plus de 50 ans, des efforts budgétaires gigantesques pour assurer l’accessibilité à l’éducation? Les études de l’OCDE font la démonstration que ce n’est pas tant quand l’emploi va bien que la pauvreté diminue, mais plutôt lorsque les pays investissent une bonne partie de leur produit intérieur brut dans les politiques ou les programmes sociaux. Ainsi, la pauvreté est cinq fois plus élevée aux États-Unis qu’en Norvège, alors que les deux pays enregistrent des taux très élevés de participation au travail.