Autant que Marilyn et que Che Guevara: on l’a vue partout, la tête d’Einstein. Sur des affiches, des t-shirts, de la vaisselle, des sacs d’école, des bavettes pour bébé, des timbres, des pièces de monnaie et des porte-clés.
On l’a vu, cette incarnation du génie scientifique, tirer la langue à la face du monde; on l’a vu sur son vélo, les cheveux ébouriffés; il a arboré des plumes sur sa tête; il est apparu en robe de chambre dans sa bibliothèque ou en bras de chemise à bord de son voilier.
C’est que, contrairement à d’autres grands esprits, Einstein n’était pas “que” génial. Il avait la tête de l’emploi, celle du savant excentrique et bienveillant. Il était “vivant et rieur”, pour reprendre les mots de l’écrivain Romain Rolland. Il ne rechignait jamais à gratifier journalistes et photographes d’une bonne blague ou d’une grimace.
Le mythe Einstein naît le 7 novembre 1919. Ce jour-là, l’astronome anglais Arthur Eddington annonce les résultats d’une expédition qu’il a menée quelques mois auparavant à l’île de Principe, une petite colonie portugaise au large des côtes de l’Afrique occidentale. Au cours de cette mission, un groupe de savants a pu observer et photographier l’effet de déviation des rayons lumineux lors d’une éclipse totale du Soleil. Ils ont ainsi confirmé la validité de la théorie de la relativité générale