Illustration: Pascal Blanchet
Cet hiver, je suis loin du terrain, des routes glacées, des motels et des soupes du jour.
Je reste en ville, replié comme Montaigne dans sa tour, ce qui me permet de me concentrer sur mes émissions de radio, de lire, d’écrire, de faire le point. Je ressasse de vieilles affaires, des projets, des bribes; je regarde en arrière, je regarde en avant. Disons que je me recueille à l’intérieur d’une routine bien réglée. Toutefois, je voyage à ma manière, dans le temps et dans toutes sortes d’univers; qui donc saurait contenir son esprit ? Je suis justement en train d’écrire une préface pour un ouvrage de l’économiste Ianik Marcil, L’élan vers l’autre . Avec lui, j’aborde la réalité des marginaux et des laissés-pour-compte du néolibéralisme; je touche les différents visages de la souffrance humaine. La rédaction de cette préface est pour moi l’occasion de replonger dans le Traité des vertus II de Vladimir Jankélévitch, des pages de virtuosité philosophique à propos de l’amour, en passant par la pauvreté et la mendicité, l’humilité et l’humiliation.
Par association d’idées, je me suis retrouvé chez les Beautiful Losers de Leonard Cohen, un roman écrit au milieu des années 1960 alors que le jeune auteur n’était pas encore célèbre. Les perdants magnifiques