À l’aide de montagnes de données, les chercheurs du projet Seshat proposent de revoir l’évolution des sociétés, comme celle de l’Empire assyrien, illustrée ci-dessus. Photo: The British Museum, London/Wikipedia
Grâce à la science des données, le projet Seshat promet de lever le voile sur de vieilles énigmes de l’histoire.
Depuis les premiers villages mésopotamiens, il y a 12 000 ans, jusqu’aux États-nations d’aujourd’hui, les sociétés se sont complexifiées en suivant des chemins tortueux. Quels sont les facteurs clés de leur évolution ? Est-ce davantage l’agriculture ou bien les conflits armés entre les groupes ? Ou encore la religion ? Et qu’est-ce qui a provoqué leur chute ? La science des données pourra bientôt apporter un nouvel éclairage sur ces questions. Depuis 2011, des chercheurs du monde entier alimentent une vaste banque de données archéologiques et historiques. Baptisée Seshat, elle contient plus de 200 000 unités d’information sur des civilisations du monde, depuis les Incas jusqu’aux Égyptiens, en passant par les Khmers et les Romains. Pour chaque société, ils ont consigné la population, la taille du territoire, la hauteur du plus important édifice, l’utilisation du calendrier, le nombre de niveaux hiérarchiques dans l’armée, la présence de monnaie, etc. Toutes ces variables sont chiffrées ou binaires (oui/non).
« Notre but est de comprendre, avec des techniques mathématiques, comment les sociétés humaines évoluent », explique Thomas Currie, anthropologue à l’université d’Exeter, au Royaume-Uni, qui est l’un des coordonnateurs de Seshat.
En décembre 2017, Seshat publiait sa première grande étude dans Proceedings of the National Academy of Sciences