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À la fois dentistes, chirurgiens, cardiologues, radiologues et bien plus encore, les vétérinaires sont avant tout des passionnés des animaux !
Leur rôle: prévenir, diagnostiquer et traiter les maladies ainsi que les blessures chez les petites bêtes comme les grandes, qu’elles soient couvertes de poils, de plumes ou d’écailles. Loin d’être limité aux animaux domestiques, le ou la vétérinaire peut aussi être amené à travailler avec la faune sauvage, les animaux de zoo, les animaux de ferme… sans oublier les humains qui les accompagnent !
Laurie Desrochers, vétérinaire
Depuis 2017, Laurie travaille pour la clinique vétérinaire Donnacona, dans la ville du même nom. À bord de son camion, elle parcourt la région pour venir en aide aux animaux de ferme. Lorsqu’elle n’est pas sur la route, Laurie s’occupe des petits animaux domestiques.
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Entrevue
Entrevue avec Laurie
Qu’est-ce qui t’a d’abord intéressée dans la profession de vétérinaire ?
Toute petite, j’adorais déjà les animaux. C’est un rêve d’enfant que j’ai poursuivi !
En quoi consiste ton travail ?
Je fais beaucoup de visites préventives : j’administre des vaccins ou j’effectue des suivis de reproduction.
Mais lorsque les animaux sont blessés ou malades, on parle plutôt de cas curatifs. Une fois que j’ai examiné l’animal et que j’ai posé le diagnostic, il est important que j’offre plusieurs options de traitement au client. Les soins coûtent de l’argent, et malheureusement, les animaux n’ont pas d’assurances comme nous ! Lorsqu’un animal domestique fait partie de la famille, les émotions prennent beaucoup de place dans ce genre de décision. Je deviens alors un peu confidente et psychologue.
Est-il difficile de diagnostiquer un patient qui ne parle pas ?
C’est très difficile ! On apprend à lire les patients et à interpréter leur langage, mais encore là, chaque animal est différent. C’est pour ça qu’il est essentiel de travailler en équipe avec le propriétaire : c’est lui qui connait le mieux son animal.
T’arrive-t-il de soigner des animaux exotiques ?
Oui ! J’ai eu à m’occuper de furets, de wapitis, de lamas, d’alpagas… chaque journée est unique ! Après 5 ans d’université, on est généraliste, c’est-à-dire qu’on doit être bon dans tout et connaître la plupart des espèces. Quand je ne suis pas à l’aise avec une espèce, je dirige simplement le client vers un vétérinaire spécialisé.
Et des animaux sauvages ?
La plupart des vétérinaires n’ont pas le droit de soigner la faune sauvage. C’est une question de santé publique : il serait dangereux de traiter un animal porteur de la rage dans une clinique où l’on soigne des chats et des chiens domestiques. Normalement, c’est le Ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) qui gère ce genre de cas.
Par contre, quand on est passionné, il est difficile d’ignorer la souffrance d’un animal, peu importe l’espèce. Personnellement, si je trouve une marmotte blessée, il se pourrait bien que je lui vienne en aide !
Que penses-tu des interventions de nature esthétique ou utilitaire ?
C’est inacceptable de faire subir une chirurgie à un animal simplement pour des raisons esthétiques. Par exemple, il n’est plus possible de faire couper la queue ou les oreilles de son chien : de telles pratiques sont maintenant illégales au Québec [tout comme le dégriffage et la dévocalisation.]
Adopter un animal de compagnie, c’est l’accueillir dans son entièreté, pour le meilleur et pour le pire.
Les animaux redoutent souvent la visite chez le vétérinaire. As-tu des trucs pour minimiser leur stress ?
Les chats et les chiens ont une bonne mémoire. Si la cage de transport est utilisée uniquement pour aller chez le vétérinaire, ils font l’association. Mieux vaut garder la cage accessible pour que l’animal s’en fasse une cabane. À la maison, on peut également habituer l’animal à se faire palper les pattes, le ventre, la gueule, etc.
À la clinique, on essaye le plus possible de mettre les animaux à l’aise, de faire en sorte qu’ils ne se sentent pas coincés. On tient compte de leurs particularités et on leur donne plein de gâteries. Même si les manipulations sont parfois désagréables, on finit toujours sur une note positive. Ils ne sont pas au régime quand ils viennent nous voir !
As-tu des animaux à la maison ?
Ironiquement, je n’ai ni chien, ni chat. Quand on est vétérinaire, on travaille beaucoup. Avec mon horaire atypique, je n’aurais pas le temps de m’occuper correctement d’un chien ou d’un cheval. Par contre, j’ai un oiseau !
Y a-t-il des aspects de ton travail que tu aimes moins ?
C’est dur d’être confronté à la douleur des animaux. On voudrait tous les sauver, mais des fois on manque de moyen, de temps ou d’argent. On apprend à se faire une carapace.
Y a-t-il des dangers associés à ton travail ?
Il peut arriver que les animaux essaient de mordre : ils ne comprennent pas qu’on veut les aider ! En clinique, les techniciens et techniciennes sont là pour les maintenir en contention. Si nécessaire, on peut poser une petite muselière en tissu, le temps de l’examen.
Avec les gros animaux, comme les chevaux, il faut toujours anticiper ! J’ai appris à me placer pour éviter les coups de patte. Si l’animal est trop agité, je peux administrer un calmant ou raccourcir l’examen.
Quelles sont les qualités d’un bon vétérinaire ?
Comme les animaux ne parlent pas, il faut avoir un bon sens de l’observation ! Il faut aussi être empathique envers les clients, sans pour autant vivre leurs émotions.
Avec les animaux de ferme, la débrouillardise est essentielle pour créer un environnement de travail n’importe où, même dans une étable. Comme je travaille souvent seule, je dois avoir la tête froide, penser rapidement et toujours avoir un plan B.
Quel outil utilises-tu le plus ?
Le stéthoscope ! Il me permet d’écouter le cœur, mais aussi la respiration et la digestion.
Quel est ton plus bel accomplissement ?
L’automne dernier, j’ai dû amputer un chien qui avait une vilaine fracture. Ça lui a sauvé la vie, et maintenant il marche très bien sur 3 pattes !
Journée type
Une journée dans la vie de Laurie
Avec les animaux de ferme, Laurie sait rarement à quelle heure finira sa journée ! Une fois son camion rempli de médicaments, elle part visiter client après client. Selon la nature des cas et du nombre d’appels, elle peut finir très tôt… ou très tard ! La naissance d’un poulain peut se produire en pleine nuit…
Les journées à la clinique sont plus prévisibles. Elles se déroulent à raison d’un rendez-vous toutes les demi-heures, à moins que des chirurgies soient prévues à l’horaire, ce qui est plus long. Une fois les consultations terminées, le travail de Laurie ne s’arrête pas là ! Lorsqu’elle est de garde, elle doit se tenir prête à sauter dans son camion à toute heure pour répondre aux urgences. Aider une vache à donner naissance au milieu de la nuit, c’est tout à fait normal quand on est vétérinaire !
Études
Le parcours académique de Laurie
Laurie a obtenu son doctorat en médecine vétérinaire de l’Université de Montréal en 2017. Comme la plupart des finissants de ce programme, elle avait déjà trouvé un emploi avant d’avoir complété les stages qui ont lieu au cours de la dernière année.
Au cégep :
DEC en sciences de la nature (sciences pures et appliquées ou sciences de la santé et de la vie)
À l’université :
L’Université de Montréal est le seul établissement d’enseignement à offrir le programme de médecine vétérinaire au Québec. Celui-ci dure 5 ans et se donne sur le campus de Saint-Hyacinthe. Il est ensuite possible de poursuivre des études post-doctorales de 3 à 4 ans afin de se spécialiser dans un domaine précis comme la dentisterie, la radiologie, la neurologie, la chirurgie, le comportement animal, la médecine zoologique…
N.B. Pour obtenir son permis et exercer la profession de vétérinaire, il faut réussir les examens obligatoires de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec.
Et après…
Selon Laurie, il est facile de trouver de l’emploi pour les diplômés en médecine vétérinaire. En plus des cliniques qui recrutent activement, il existe plusieurs autres opportunités de carrière : à son compte, dans les établissements d’enseignement, dans les laboratoires de recherche, dans le domaine de la santé publique, au gouvernement, en salubrité et inspection des viandes, dans les zoos, etc.