Qu’ils soient doux ou angoissants, nos rêves en disent long sur notre matière grise. Et ils pourraient même aider les scientifiques à comprendre d’où et comment émerge la conscience.
Raymond s’avance dans une petite chambre qui paraît à peu près normale, mais lui, par contre, est drôlement accoutré. Trente électrodes sont collées sur son corps, dont sept sur son visage. Dès qu’il est installé dans le minuscule lit en bois, une voix résonne dans un haut-parleur : « Au réveil, agrippe-toi à ton rêve », lui dit Claudia Picard-Deland, chercheuse en neurosciences. Dès sa sortie des bras de Morphée, Raymond devra en effet noter au plus vite ses souvenirs avant qu’ils s’évanouissent pour toujours.
Le jeune ébéniste fait partie de la centaine de volontaires qui font la sieste au profit de la science dans le cadre de la dernière étude du laboratoire des rêves et cauchemars, à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. Depuis plus de 25 ans, les chercheurs y examinent les digressions cérébrales de leurs cobayes assoupis dans l’espoir d’en comprendre les mécanismes. Ces dernières années, ils ont réalisé − comme d’autres scientifiques ailleurs dans le monde − que les rêves constituent un outil puissant pour éclaircir l’ultime énigme des neurosciences : la conscience.