Les routes peuvent-elles résister au climat québécois? Oui, à condition de tenir compte de l’effet du gel, répondent les chercheurs.
À en croire médias et politiciens, le climat québécois, avec ses précipitations abondantes et son alternance de gel et de dégel, condamne nos routes à une mort prématurée. Pourtant, les experts sont formels : même si les matériaux sont mis à rude épreuve, ils sont capables de résister à ces variations thermiques. À condition d’en tenir compte avant la construction de la chaussée. « Il faut prévoir le soulèvement et la déformation que les matériaux peuvent supporter sans casser », explique Guy Doré qui dirige la Chaire de recherche industrielle CRSNG sur l’interaction charges lourdes-climat-chaussées (Chaire i3C) à l’Université Laval.
Alors qu’on a longtemps conçu les routes de façon empirique, en s’inspirant d’expériences menées sur des chaussées « modèles », ce chercheur plaide pour une approche plus scientifique qui tient compte des propriétés mécaniques des matériaux mesurées en laboratoire. Impossible, sans cela, de bien modéliser l’usure. D’autant qu’on jongle avec des matériaux indomptables. « Contrairement à l’acier, par exemple, la rigidité du bitume varie d’un facteur 100 entre l’hiver et l’été », signale-t-il. Résultat, au printemps, le revêtement est résistant, mais la fondation est moins solide, ne présentant que 30 % à 70 % de sa résistance normale.