Les oreilles en chou-fleur de Rachel témoignent des nombreux coups qu’elle s’est donnés à la tête à la suite de ses traumatismes vécus en laboratoire. Aujourd’hui, grâce à la médication et aux bons soins de la Fondation, ses épisodes d’hallucinations et d’automutilation sont plutôt rares. Photo: NJ Wight et Tanya Barr
Visite du seul sanctuaire pour chimpanzés au pays.
En entrant dans le bâtiment principal de la Fondation Fauna , on perçoit de suite une odeur légère qui chatouille le nez, difficile à définir. Ce n’est pas de l’urine ni de la paille mouillée… « Ça, c’est l’odeur du chimpanzé », clarifie Mary Lee Jensvold, directrice associée de l’organisme. Pas de doute, on est sur le territoire de l’animal.
En tout et pour tout, il n’y a que 12 chimpanzés au Canada et ils sont réunis sur cette ancienne terre agricole à 20 minutes de Montréal, sur la Rive-Sud. Créé au milieu des années 1990 par une ex-toiletteuse pour chiens et son conjoint vétérinaire, cet organisme abrite des dizaines d’animaux abandonnés ou autrefois maltraités (chevaux, chèvres, oies, chiens, lapins, macaques…). Mais les chimpanzés demeurent les vedettes des lieux.
L’ambiance est calme lors de notre visite dans ce centre financé par des dons privés. De l’autre côté d’une grande vitre, Rachel se tire un pneu et s’assoit. Cette femelle de 36 ans a toujours été fascinée par les gens écrivant dans un cahier, nous dit notre guide. Pas étonnant donc qu’elle scrute avec autant de curiosité le journaliste planté devant elle, en s’étirant le cou pour voir ce qu’il gribouille.
De courts « Ouh ! ouh ! ouh ! » graves et bestiaux résonnent dans le bâtiment.