Image: Martin Nowak, Bartek Waclaw et Bert Vogelstein
Les cellules cancéreuses font preuve d’une redoutable hétérogénéité, qui joue un rôle dans la progression de la maladie et la résistance aux traitements.
C’est l’histoire d’une cellule comme une autre, dans laquelle surviennent de façon aléatoire une série de petites erreurs génétiques qui s’accumulent et finissent par la rendre immortelle et incontrôlable. Voilà, en résumé, la théorie qui prévaut pour expliquer la genèse des cancers.
Au début des années 2000, l’avènement du séquençage génétique a fait naître un espoir: celui de trouver le ou les quelques gènes à l’origine de ces dérèglements, de les neutraliser à l’aide des fameuses «thérapies ciblées» et de régler le problème une fois pour toutes. «On pensait découvrir le gène, trouver le médicament pour traiter le cancer», caricature Sébastien Lemieux, chercheur en bio-informatique à l’Institut de recherche en immunologie et en cancérologie (IRIC) de l’Université de Montréal.
Mais au fil des ans, les chercheurs ont déchanté. Leurs analyses ont dévoilé une complexité vertigineuse. D’abord, il n’y a pas «quelques gènes» susceptibles de causer un cancer, mais au moins 500. Ensuite, d’un cancer à l’autre, le tableau des anomalies génétiques peut varier du tout au tout. Pire, au sein d’une même tumeur, les mutations diffèrent parfois radicalement d’une cellule à l’autre! En 2015, une équipe sino-américaine