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13 juin 2019
Temps de lecture : 2 minutes

Peine d’amour chez les poissons

Le cichlidé zébré, un poisson tropical Photo: Haplochromis/WikimediaCommons

Lorsque son partenaire n’est plus là, le cichlidé zébré devient pessimiste, selon une étude française.

Les chercheurs intéressés par la monogamie chez les animaux étudient surtout les oiseaux, dont plusieurs espèces sont réputées monogames. Pour la première fois, une équipe de l’université Bourgogne Franche-Comté a choisi d’examiner cet aspect chez un poisson monogame: le cichlidé zébré, ou Amatitlania siquia. Ce petit poisson, pas plus gros que 8 cm, habite dans les eaux d’Amérique centrale.

Dans l’étude publiée dans la revue Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences, les chercheurs indiquent que ce poisson peut éprouver une sorte de «peine d’amour» lorsqu’on le sépare de son partenaire. Il semble avoir plus de difficulté à réaliser des tâches par la suite.

Pour étudier l’effet de la séparation des couples, il fallait d’abord trouver une tâche simple à leur faire accomplir et qui témoignerait de leur état d’esprit. L’un des chercheurs, François-Xavier Dechaume-Moncharmont, avait déjà observé l’espèce dans son milieu naturel, dans des lacs volcaniques du Nicaragua. «En les voyant creuser avec leur bouche et leur queue dans les sédiments à la recherche de nourriture, on s’est dit qu’ils étaient peut-être capables d’ouvrir des boîtes», explique le chercheur français, qui étudie ce poisson depuis plusieurs années.

Au laboratoire, le groupe de biologistes a donc entraîné 68 femelles poissons à soulever le couvercle d’une boîte avec leur bouche. La boîte au couvercle blanc était toujours vide, tandis que celle au couvercle noir contenait une «friandise», un ver de vase que les poissons affectionnent particulièrement. Au bout d’un certain temps d’apprentissage, les femelles étaient plus rapides à ouvrir la boîte avec le couvercle noir.

Lors d’une deuxième étape, les chercheurs ont plutôt déposé un couvercle gris sur la boîte. «Le véritable test, le test du biais de jugement, commence en leur proposant cette boîte ambiguë. Si le poisson va très vite à la boîte grise, il est du style optimiste. À l’inverse, le poisson qui n’ira pas est plutôt pessimiste», indique le chercheur, qui compare cet enjeu de perception au verre à moitié plein ou à moitié vide.

Et si on sépare le couple?

Les chercheurs se doutaient qu’il y avait possiblement un attachement émotionnel chez cette espèce, mais n’en étaient pas certains. «Ces poissons forment des couples stables qui durent des mois, voire des années, construisent ensemble un nid qu’ils défendent contre les intrus et les prédateurs, nous a expliqué François-Xavier Dechaume-Moncharmont. Quand la femelle a pondu ses œufs, les deux parents participent à leurs soins.»

En réalisant l’expérience, ils ont remarqué que les femelles prenaient plus de temps à aller voir la boîte au couvercle gris (voir ce comportement en vidéo ici), signifiant qu’elles étaient devenues plus pessimistes qu’elles ne l’étaient lorsque leur partenaire était présent.

Le terme «attachement» est-il pour autant approprié pour ces poissons? Le chercheur répond franchement qu’il ne le sait pas. «Est-ce que cela signifie que le poisson est triste au sens où on l’entend pour l’espèce humaine? Je n’ai pas accès à la conscience des animaux, mais la seule chose que je peux mesurer objectivement, ce sont des réponses comme celles que l’on a développées avec ce test», répond François-Xavier Dechaume-Moncharmont.

Est-ce que l’expérience donnerait des résultats similaires avec des poissons mâles? L’équipe est en train de le tester en ce moment et les résultats devraient faire l’objet d’un article.

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