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16 juillet 2019

La déchéance des insectes

Illustration: Marianne Chevalier

En juillet 1976 et janvier 1977, Brad Lister s’est rendu dans la forêt de Luquillo, à Porto Rico, pour compter tout ce qui avait six pattes. La petite mouche Baccha clavata , le coléoptère Antilliscaris megacephalus , le termite Nasutitermes costalis : en théorie, rien n’échappait à ses pièges placés au sol et suspendus dans la canopée.

Quand il est retourné dans la même forêt 35 ans plus tard, il en a perdu son latin.

« Après quelques jours, c’est devenu assez évident que les choses avaient profondément changé, raconte-t-il. Dans les années 1970, nos pièges collants étaient recouverts d’insectes. Maintenant, ils en étaient essentiellement dépourvus. Il y avait un diptère ici et là, peut-être quelques coléoptères, mais en vérité presque rien. »

« L’équipe s’est demandé s’il ne s’agissait pas de mauvaises journées, poursuit le professeur de biologie du Rensselaer Polytechnic Institute, dans l’État de New York. Mais c’est resté comme ça pendant toute la période d’échantillonnage. Lorsqu’on est revenus dans notre laboratoire aux États-Unis, on a réalisé que la biomasse d’insectes sur les pièges disposés au sol avait diminué de 90 % par rapport aux années 1970, ce qui est sidérant. » Des campagnes d’échantillonnage supplémentaires l’année suivante ont mené les chercheurs au même constat.

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