Illustration: Dorian Danielsen
Si rien n’est fait, les terres qui produisent la moitié des légumes du Québec pourraient disparaître d’ici 50 ans. Un chercheur et des cultivateurs font équipe pour trouver des solutions.
Sherrington, au cœur d’une région fertile de la Montérégie baptisée le «triangle d’or». En ce mois de mai, c’est le début de la saison des semis pour le producteur maraîcher Denys Van Winden. Ses employés ont transplanté des pousses de laitue il y a quelques jours. Ce matin, ce seront des oignons. Mais une ombre plane sur tous ces champs. «Vous voyez, là au centre, il n’y en a presque plus», indique l’agriculteur en pointant la section d’une parcelle où la terre noire laisse sa place à un sol qui tire plutôt sur le brun. Et le constat n’a rien d’anodin : ce substrat d’ébène, le terreau fertile de ces champs, s’amenuise peu à peu.
Cette terre noire, c’est un sol organique formé par l’accumulation de résidus végétaux et animaux. Il a commencé à se constituer il y a des milliers d’années dans le lit de la mer de Champlain, qui submergeait à l’époque les basses terres du Saint-Laurent. Recouvert par la suite de milieux humides, il a patiemment attendu l’arrivée d’agriculteurs, venus notamment des Pays-Bas et d’Italie, pour être drainé, puis cultivé au début des années 1950.