Physarum polycephalum est une espèce de myxomycètes capable d’apprendre de ses expériences, selon des travaux menés au Centre national de la recherche scientifique, en France. Lorsqu’elle s’agglutine ainsi, on la surnomme «blob». Image: 20170060_0005 © Audrey Dussutour/CRCA/CNRS Photothèque
Cachés dans nos forêts, les myxomycètes sont méconnus au Québec. Suzanne Béland lève le voile sur ces tout petits organismes gluants au comportement étonnamment complexe.
En ces temps frénétiques, la gestuelle de Suzanne Béland est un éloge à la lenteur. « Oh, regardez. La tige de ce tout petit champignon est accrochée à une aiguille de pin. Voyez, ici, comme son chapeau est dur. Et ceux-là, là-bas, à quel point ils sont agglutinés et gluants. Et ce champignon, comme son pied est fibreux », nous montre-t-elle au cours d’une promenade automnale dans une forêt d’Entrelacs, dans la région de Lanaudière. Il pleut et nous frissonnons, mais la météo n’altère en rien le bonheur de notre guide. Dans la forêt, elle est chez elle.
De son propre aveu, parmi tous ses amis mycologues, Suzanne Béland est celle qui marche le plus lentement. « Je ne me rends jamais au sommet d’une montagne. Je dis aux autres “Allez-y, revenez plus tard. Il y a trop à voir, juste ici”. » Justement, elle nous tend une loupe, car ce qui la passionne tant ressemble à de minuscules points gélatineux fixés à un tronc d’arbre mort. « Regardez les beaux petits myxomycètes, tout fragiles, avec leurs spores. Quel bleu ! » s’exclame la femme de 62 ans.