L’anthropologue Daniel Ruiz-Serna a documenté les violences écologiques et spirituelles dont ont été victimes des communautés indigènes dans la foulée des conflits armés en Colombie.
Les nombreux dommages collatéraux de la guerre sont souvent invisibles. Parlez-en aux autochtones et Afro-Colombiens du département du Chocó, dans le nord-ouest de la Colombie. Depuis des décennies, ces peuples indigènes vivent sous les feux croisés de groupes armés et de trafiquants de drogue et d’armes. La signature d’un accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie en 2016 n’a rien changé à la situation, déplore Amnistie internationale. Les habitants de cette région sont encore confrontés à des épisodes de violence, qui entraînent «des séquelles qui vont au-delà de l’humain», soutient l’anthropologue Daniel Ruiz-Serna.
Dans sa thèse de doctorat réalisée à l’Université McGill, le chercheur fait état d’une série de blessures que les conflits ont infligée aux territoires traditionnels de ces communautés amazoniennes de même qu’aux myriades d’âmes qui les peuplent. «L’environnement fait partie intégrante de leur identité. Les conséquences des conflits armés sur les animaux, les plantes et les cours d’eau se répercutent directement sur leurs pratiques culturelles», explique celui qui, à l’automne 2019, a reçu le prix de l’Association des doyens des études supérieures au Québec (ADESAQ) en sciences sociales et humaines, parrainé par le Fonds de recherche du Québec – Société et culture.