Pour améliorer son IA, Ubenwa a commencé en novembre 2019 à enregistrer des pleurs de bébés à l’Hôpital de l’Université d’État des sciences et technologies d’Enugu, dans le nord‐est du Nigeria. Image: Innocent Udeogu (Ubenwa Health)
Comment décrypter le cri d’un bébé associé à un risque d’asphyxie? Ubenwa aurait la réponse.
« On m’a déjà dit que c’était le Shazam des bébés », raconte en riant Charles Onu. Le chercheur affilié à MILA, l’Institut québécois d’intelligence artificielle, ne renie pas la comparaison entre l’application mobile qu’il développe et celle qui reconnaît une chanson au moment où elle résonne dans une pièce. Mais il y a une différence et elle est de taille : en décelant dans le cri d’un nouveau-né des modulations signalant une asphyxie, l’appli de son entreprise Ubenwa promet de sauver de vies.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, un million d’enfants décèdent chaque année moins de 24 heures après la naissance, souvent d’une asphyxie périnatale. Charles Onu découvre ce drame lorsqu’il se joint à une ONG au Nigeria. « Je travaillais surtout avec des sages-femmes et l’asphyxie périnatale revenait souvent dans les conversations, relate-t-il. Elles m’expliquaient comment elles perdaient des enfants, car le temps de comprendre que quelque chose de grave se produisait, il était généralement trop tard. » Quand ils ne succombent pas, les petits survivants en gardent souvent des séquelles, comme une paralysie ou une surdité.
Des tests sanguins peuvent détecter le problème, mais l’équipement pour ce dépistage demeure rare dans les régions rurales d’Afrique. Charles Onu voit dans l’intelligence artificielle (IA) la solution.