Fin avril 2015, l’équipe atterrit au lac South Sawtooth pour entreprendre deux semaines de travaux de recherche. Image: Pierre Francus
Des sédiments au fond d’un lac de l’Arctique ont permis de remonter le temps. Ils révèlent le climat des trois derniers millénaires avec une précision inégalée.
François Lapointe se souvient de cette première fois où il a goûté au silence. Le Twin Otter qui venait de les déposer, ses collègues et lui, sur un lac gelé du Nunavut disparaissait dans le ciel éclatant du printemps polaire. « C’était comme arriver sur la Lune, relate celui qui était alors candidat au doctorat en sédimentologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS). On était parmi les très rares humains à passer par là. »
« Là », c’est le lac South Sawtooth, sur l’île d’Ellesmere, à 1 200 km du pôle Nord. Le but de l’expédition, qui s’est déroulée en 2012 : prélever une carotte de sédiments au fond du petit lac − il ne fait que 2,6 km 2 − afin d’y chercher les indices des variations de la température de l’Atlantique au cours des derniers millénaires. Rien de moins.
Des mesures prises par les navires qui traversent l’Atlantique depuis 1856 ont montré que sa surface alterne entre des phases chaudes et d’autres froides. On parle de variations de l’ordre de un degré Celsius selon un cycle de 40 à 80 ans.