Photo: Andy Whale
Pour son édition 2020, notre dossier des Découvertes de l’année s’offre une cure de jeunesse! En plus des textes réguliers de nos journalistes, nous avons demandé à des élèves de la quatrième année du secondaire du Collège Sainte-Anne de Lachine de nous présenter à leur façon les découvertes primées.
La science d’ici vue par les jeunes d’ici!
Récemment, les chercheuses Aline Philibert et Donna Mergler de l’UQAM, ainsi que Myriam Fillion de l’Université TÉLUQ, ont découvert que la mort prématurée chez les Premières Nations de Grassy Narrows au nord-ouest de l’Ontario a clairement un lien avec un déversement de mercure qui a eu lieu dans les années 1960 dans leur environnement. Pendant plus de 10 ans, la papetière Dryden Chemical a déversé dix tonnes de mercure dans la rivière Wabigoon, habitat du doré jaune, qui est l’une des principales sources d’alimentation de cette communauté.
Ces chercheuses ont fait des tests sur la concentration de mercure dans les cheveux et dans le sang de citoyens de Grassy Narrows. Tout cela, en comparant les tests effectués sur des individus décédés avant et après l’âge de 60 ans. Entre 1970 et 1997, le gouvernement a prélevé des échantillons de cheveux et de sang chez 657 membres de la communauté. Avec ces données, les chercheuses ont démontré que l’empoisonnement au mercure a provoqué la mort prématurée chez des membres de la communauté. Seulement 4% d’entre eux étaient âgés de plus de 65 ans.
La communauté de Grassy Narrows a finalement pu, après une cinquantaine d’années, recevoir une confirmation que le déversement de mercure a un lien avec la mort prématurée de certains. Les analyses sur les cheveux ont conclu qu’une personne ayant eu une concentration de mercure autour de 15μg/g, aura une espérance de vie drastiquement plus basse: le risque de mortalité avant l’âge de 60 ans augmente de 55%. De plus, leurs recherches ont démontré que ceux décédés avant l’âge de 60 ans avaient une concentration de mercure 5 fois plus élevée dans leurs cheveux que ceux décédés après 60 ans.
Pendant 10 ans, le gouvernement, conscient de l’incident, n’avait rien mentionné au peuple. En raison de cette négligence de leur part, le nombre d’individus contaminés a atteint 90%.
Chez les victimes, d’innombrables symptômes sont survenus, dont des ataxies, des troubles sensoriels et de la parole, etc. De plus, l’exposition au mercure a entraîné des problèmes culturels. Notamment, les aînés peuvent moins transmettre leur culture, ce qui entraîne une perte de leur bagage. En outre, le gouvernement a indemnisé financièrement seulement 6% du peuple, mais a quand même instauré un centre de soins. Grâce à cette recherche, le gouvernement canadien a été incité à continuer les compensations.
Auteurs: Ines Benchekroun, Jacob Burt, Sofia Cassoff, Trisha Chakrabarty, Charles Farha, Jasmine Hoang et Rongkuan Jiang
Lisez la présentation de cette découverte par l’équipe de Québec Science.