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23 mars 2021
Temps de lecture : 2 minutes

Lire une lettre de la Renaissance… sans l’ouvrir!

Cette malle est remplie de lettres du 17e siècle. Elle appartient au au musée postal néerlandais de La Haye. Image: Groupe de recherche Unlocking History

Des scientifiques ont résolu ce défi avec brio : révéler le contenu d’une lettre scellée datant du 17e siècle en la laissant intacte, grâce à une technique de dépliage virtuel.

Avant les années 1830, les enveloppes n’existaient pas. On pliait le papier de façon élaborée (une méthode appelée aujourd’hui letterlocking), le cachetant ensuite avec un sceau de cire, pour que la lettre serve d’enveloppe et soit à l’abri des regards indiscrets. Si la missive était endommagée, le destinataire savait alors qu’elle avait été lue.

Des chercheurs internationaux provenant de plusieurs disciplines (histoire, médecine dentaire, intelligence artificielle, conservation de l’art, ingénierie…) ont fait front commun face à un dilemme : ils voulaient découvrir le contenu d’anciennes lettres sans les ouvrir pour les préserver.

Ils avaient accès à une collection complète, la collection Brienne, contenant des missives jamais délivrées, dont 577 étaient toujours scellées. Celles-ci sont datées de 1680 à 1706 et ont été conservées à l’époque par un postier des Pays-Bas (voir plus bas) . Mais comment faire pour jeter un œil sur leur contenu sans les endommager? Les chercheurs ont été en mesure de le faire en combinant la microtomographie à rayons X, qui est notamment utilisée pour scanner les dents, et les algorithmes. Ils ont ainsi réussi à déplier virtuellement le papier et obtenir des images en 2D et 3D de celui-ci. La description de cette méthode a été publiée dans la revue Nature Communications.

En fait, ces techniques ont déjà été appliquées avec succès à d’autres documents historiques qui étaient repliés un maximum de deux fois. C’était donc le test ultime avec ces lettres au pliage compliqué et diversifié.

Animation de dépliage générée par ordinateur d’une lettre scellée. Vidéo: Groupe de recherche Unlocking History.

Des secrets du quotidien

C’est une lettre datée du 31 juillet 1697 qui est la première à passer sous le scan des chercheurs. On y lit que Jacques Sennacques demande à son cousin Pierre Le Pers, un marchand français, le certificat de décès de Daniel Le Pers. Les auteurs de l’étude le savent bien : on ne trouvera pas de grands secrets dans ces correspondances, mais la collection Brienne suscite l’intérêt des historiens qui veulent en savoir davantage sur la société de cette époque où toutes les classes, riches et pauvres, s’échangeaient des lettres.

Forts des résultats concluants de ce dépliage virtuel, les chercheurs pensent déjà à appliquer cette technique aux Prize Papers, un lot considérable de 160 000 lettres prises sur les bateaux ennemis des Britanniques du 17e jusqu’au 19e siècle.

L’histoire de la collection Brienne

Cette grande malle contenant les lettres non distribuées appartenait au maître de poste Simon de Brienne et sa conjointe, Marie Germain. Ils étaient responsables de faire parvenir ces missives qui provenaient en grande majorité de France vers les Pays-Bas. À cette période, les timbres n’existaient pas et les frais d’expédition étaient assumés par le destinataire. En cas de refus, d’absence ou d’adresse erronée, le maître de poste gardait donc la lettre. C’est ainsi que le couple a accumulé ces lettres au fil des années.

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