L’environnement fait de plus en plus partie de la réflexion dans l’exploration, l’exploitation et la restauration des sites miniers.
Pendant longtemps, on a exploité des mines pour constater seulement dans un deuxième temps leurs effets néfastes sur l’environnement. La tendance se renverse progressivement : le cycle de vie complet des projets miniers est de plus en plus réfléchi. Isabelle Demers, professeure à l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue (UQAT), s’efforce de trouver des méthodes rapides et peu coûteuses pour mieux considérer les conséquences environnementales de l’exploration, l’exploitation et la restauration des sites miniers.
Des carottes de forage : c’est à peu près la seule chose que les chercheurs ont sous la main à l’étape de l’exploration minière pour avoir de l’information sur le risque environnemental que représenterait l’exploitation. «On se sert donc de ces carottes notamment pour prédire les types de rejets qui seront produits lorsque la mine sera exploitée», dit Isabelle Demers qui est titulaire de la Chaire de recherche du Canada sur l’intégration de l’environnement dans le cycle de vie d’une mine.
C’est un changement total de modus operandi pour les minières. «Avant, on analysait seulement le potentiel minéral, c’est-à-dire si on pouvait faire de l’argent avec ce qu’on trouve, comme de l’or, rappelle-t-elle. Maintenant, on regarde aussi les autres métaux pour voir s’ils risquent de causer des problèmes plus tard. Par exemple, trouver beaucoup d’arsenic pourrait empêcher un projet d’aller de l’avant.»
Bien que les rejets ne puissent être complètement éliminés de l’équation en amont, il demeure possible d’agir. «Nous tentons de trouver des façons de réduire la quantité de rejets qui causeront des problèmes, en plus de les valoriser, donc de leur donner une seconde vie pendant l’exploitation de la mine», explique la chercheuse.
Ainsi, les entreprises minières peuvent investir dans le remblayage souterrain réalisé à partir de rejets qui sont stabilisés dans le ciment. «Lorsque les rejets miniers sont emprisonnés dans le ciment, ils ne peuvent pas se dissoudre dans l’eau souterraine, signale Mme Demers. Ces rejets peuvent ensuite être directement retournés sous terre dans les chantiers. Cette stratégie a aussi l’avantage de solidifier le terrain, ce qui permet de continuer l’exploitation. C’est gagnant-gagnant.»
Restaurer les sites miniers
L’équipe d’Isabelle Demers se penche aussi sur la restauration des sites miniers en fin de parcours, ou qui ont été abandonnés il y a longtemps. Elle travaille surtout avec des couvertures d’ingénierie. «Ce sont des matériaux qu’on place sur le site d’entreposage des rejets pour empêcher principalement qu’ils entrent en contact avec l’oxygène et l’eau, ce qui entraînerait des problèmes environnementaux, explique-t-elle. Les défis sont particulièrement importants sur les sites abandonnés parce que les rejets ont déjà été exposés à l’eau et à l’oxygène. Il faut donc trouver des façons d’améliorer la situation.»
Ce travail se réalise bien sûr en collaboration avec les entreprises minières. L’équipe développe des méthodes et des procédures, puis vérifie avec les compagnies si elles sont applicables dans différents types de projets et quelles sont leurs limites. «C’est certain qu’il y a des problèmes environnementaux avec les mines, reconnaît Isabelle Demers, mais beaucoup de travail se fait pour améliorer les choses. Les minières aiment mieux savoir tôt que tard les défis environnementaux qu’elles rencontreront. Cela leur permet de prendre les meilleures décisions possibles.»
Cet article a été réalisé en partenariat avec l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue.