Les Jeux olympiques au temps de la COVID-19
Image: Alex Smith/Unsplash
Les Jeux olympiques se dérouleront alors que la situation sanitaire est critique au Japon : depuis une semaine, on compte en moyenne 3 840 cas positifs par jour dans le pays, dont 1 200 à Tokyo. Le gouvernement nippon a déclaré l’état d’urgence dans la région de Tokyo jusqu’au 22 août, interdisant ainsi aux spectateurs de se rendre sur les sites de compétition olympique. Il recommande également aux athlètes de limiter le plus possible leurs déplacements et d’éviter les endroits touristiques, les bars et les restaurants.
Avant même que les compétitions commencent, au moins 87 cas positifs à la COVID-19 ont été rapportés en lien avec les Jeux olympiques (athlètes ou membres de l’organisation).
Ces dernières semaines, plusieurs experts japonais avaient signalé leurs inquiétudes au sujet de la tenue des Jeux olympiques, allant jusqu’à recommander l’annulation de l’événement, alors que le pays subit une quatrième vague d’infections. Selon Donald Vinh, médecin infectiologue au Centre universitaire de santé McGill, l’événement pourrait être un terrain de jeu propice à la propagation du virus aux quatre coins du monde. «Il est possible que ça devienne un événement super-propagateur. C’est un rassemblement qui compte plusieurs milliers de personnes dans le village olympique. Les athlètes, dont la vaccination n’a pas été rendue obligatoire, retourneront dans leur pays d’origine où ils risquent de transmettre le virus à leur tour», explique l’infectiologue.
Michel Roger, directeur du Laboratoire de santé publique du Québec, voit également d’un mauvais œil ce grand rassemblement. «Les taux de vaccination sont différents d’un pays à l’autre. Si ici, au Canada, on a un bon taux de vaccination, d’autres pays n’ont pas eu accès au vaccin faute d’argent. Le virus circule alors librement dans ces pays et des variants peuvent y émerger. Les Jeux olympiques représentent une occasion pour toutes sortes de variants de se disséminer.»
Taux de vaccination faible
Au 19 juillet, environ 35% de la population japonaise avait reçu au moins une dose du vaccin contre la COVID-19 et 23% avaient a obtenu la deuxième dose, selon Our World in Data. «Le Japon a un pourcentage de vaccination très faible. Sachant qu’il y a une grande proportion de personnes âgées dans ce pays et que la maladie touche surtout cette tranche de la population, la situation est inquiétante et peut devenir désastreuse», fait remarquer Donald Vinh.
Le faible taux de vaccination, comparativement à d’autres nations industrialisées, pourrait être notamment attribuable au long délai d’approbation des vaccins, d’après une correspondance de chercheurs japonais publiée dans The Lancet. Le Japon a approuvé le vaccin Pfizer-BioNtech en février 2021, mais a tardé jusqu’en mai avant d’autoriser les vaccins de Moderna et d’AstraZeneca. La raison: le pays nippon exige «des études dites de transition pour les médicaments ou les vaccins ayant montré leur efficacité ailleurs, dans le but de confirmer leur innocuité chez la population japonaise», expliquait la correspondance.
La vaccination pour les moins de 65 ans a ainsi pu commencer seulement en juin, comme le rapporte le Japan Times.
Dans un sondage mené par The Imperial College London, des chercheurs britanniques ont mesuré l’attitude du public devant les vaccins dans 15 pays. Du lot, ce sont les citoyens japonais qui ont démontré la plus faible confiance envers les vaccins, avec 47%. À titre comparatif, le Royaume-Uni du plus haut taux de confiance, avec 90%.
Les sports les plus et les moins à risque
Les probabilités de contracter le virus sont plus faibles pour les sports individuels que les sports d’équipe. «La possibilité de transmission est plus grande pour les sports d’équipe ou pour ceux où tu dois être collé à l’adversaire comme la lutte ou la boxe», mentionne le Dr Donald Vinh.
Selon une étude réalisée par des chercheurs australiens, les gymnastes pourraient être les mieux protégés pendant la pratique de leur discipline. Leurs résultats démontrent que la poudre antidérapante utilisée pour assécher les mains et obtenir une meilleure adhérence sur les barres se révèle antiseptique. La poudre contient notamment de l’alcool, comme de l’éthanol, avec une concentration variant entre 40 à 80%.