Image: Spencer Davis/Pixabay
Les connaissances scientifiques sur la COVID-19 évoluent continuellement. Cet article était à jour au moment de sa publication le 20 septembre 2021, mais d’autres données ont émergé depuis.
Devrons-nous tous recevoir une troisième injection pour prévenir la COVID-19? Petit tour des connaissances sur le sujet.
Pour contrer la montée du variant Delta, des pays voient l’administration d’une dose supplémentaire du vaccin comme la meilleure arme. Israël permet désormais la 3e dose à toute sa population de 12 ans et plus – et contemple même l’idée d’une 4e dose. Le Royaume-Uni propose quant à lui de vacciner les 50 ans et plus au cours de l’automne. Aux États-Unis, la Food and Drug Administration américaine (FDA) a réuni un comité scientifique qui s’est prononcé contre l’injection de cette dose supplémentaire chez les 16 ans et plus. Elle le recommande par contre pour les 65 ans et plus et ceux ayant des risques d’être infectés par la COVID-19.
Au Québec, la troisième dose du vaccin est recommandée seulement aux personnes immunodéprimées, comme celles qui ont reçu une transplantation d’organe ou un traitement de chimiothérapie, par exemple. Pourquoi?
C’est que selon les données scientifiques disponibles, cette troisième dose n’est pas nécessaire au reste de la population. « La protection donnée par les deux doses est excellente », tient à rappeler Nicholas Brousseau, médecin spécialiste à l’Institut national de santé publique du Québec et président du Comité sur l’immunisation du Québec. « Une personne étant complètement vaccinée est 30 fois moins à risque d’aller à l’hôpital. Ça montre à quel point les deux doses fonctionnent bien. »
C’est également l’avis de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui considère qu’il n’est pas justifié pour l’instant d’introduire de doses supplémentaires sans preuve suffisante de la diminution de l’efficacité vaccinale dans la population. Le journal The Lancet abonde dans le même sens en soulignant que « les données actuelles ne semblent pas montrer un besoin de dose de rappel dans la population générale. » Cependant, les auteurs n’écartent pas la possibilité que tout le monde ait besoin d’une dose de rappel dans le futur.
De leur côté, les compagnies pharmaceutiques Pfizer et Moderna ont récemment soumis leurs données à la FDA au sujet de l’ajout d’une dose de rappel après un délai de 6 mois. Selon les observations effectuées chez des volontaires (environ 300 pour chaque étude), ce régime à trois doses favoriserait une protection accrue contre le virus, en particulier le variant Delta. Mais selon un expert des National Institutes of Health, aux États-Unis, « ce n’est encore pas clair qui a vraiment besoin d’une dose de rappel, mis à part une partie de la population à risque de complications. » Un autre scientifique, dont les propos sont rapportés également par le New York Times met en garde « contre le fait de tirer des conclusions à partir de résultats à court terme des doses de rappel; les données provenant d’Israël, par exemple, ne comprenaient qu’une période de suivi de plusieurs semaines pour les adultes plus âgés. »
Le délai entre les deux doses
Aux États-Unis, les deux doses ont été administrées selon le délai prescrit par les compagnies pharmaceutiques, soit d’environ trois semaines pour Pfizer-BioNTech et Moderna. Au Québec, l’intervalle de temps a été plus long entre les deux doses, allant jusqu’à quatre mois, pour pouvoir immuniser un plus grand nombre de personnes dans un contexte où les vaccins étaient limités. Le délai entre les doses a été une façon d’y parer. Une décision qui s’est révélée judicieuse, selon Nicholas Brousseau. « En optant pour un intervalle allongé, il semble que la réponse immunitaire a été un peu plus robuste à long terme. Le Québec semble être en meilleure position que les États-Unis et Israël, qui ont opté pour des intervalles très courts entre les doses. »
Le médecin québécois ajoute que « dans le contexte de la COVID-19, il ne faut cependant pas trop espacer le délai entre les deux doses, car on veut rapidement offrir aux gens une vaccination complète. C’est un équilibre qu’on a essayé de trouver. »
Trop de non vaccinés ailleurs dans le monde
Selon l’OMS, il y aurait eu au moins 5,5 milliards de doses administrées à travers le monde. Cependant, la grande majorité de ces doses – 80 % – ont été distribuées dans les pays riches.
Pendant que ces pays jonglent avec les modalités d’une troisième dose, il reste 3,5 milliards de personnes qui n’ont pas eu accès à un vaccin, selon les estimations de Zain Chagla, médecin spécialiste des maladies infectieuses et professeur associé à l’Université McMaster, en Ontario. « Près de la moitié de la population mondiale n’a encore rien reçu. Si vous regardez les pays à faible revenu, on parle de moins de 3% qui ont été vaccinés avec une première dose », souligne-t-il. Il a d’ailleurs publié une lettre à ce sujet dans la revue Nature avec son collègue Madhukar Pai, de l’Université McGill.
Cette situation préoccupe le Dr Chagla, car l’émergence d’un variant dans ces pays pauvres et non vaccinés est hautement probable. « C’est notre responsabilité mondiale de s’assurer que les premières doses soient faites dans le monde entier », ajoute-t-il.
Le Dr Brousseau s’inquiète aussi de cette situation. « Nous avons tout autant intérêt à ce que les autres pays soient vaccinés. »
Quelle est la différence entre troisième dose et dose de rappel?
On parle de troisième dose ou de dose additionnelle pour les groupes avec immunosuppression. Cela signifie que les deux doses du vaccin sont insuffisantes pour conférer une protection immunitaire complète, d’où l’importance d’ajouter une troisième dose chez ces personnes avec un système immunitaire affaibli.
La dose de rappel (ou booster, en anglais) est donnée à une personne dont le système immunitaire a bien répondu au vaccin, mais qui a perdu une certaine protection au fil du temps. Cela pourrait survenir, par exemple, pour une personne âgée. Cette dose sert à « mettre à niveau » le système immunitaire.